mardi, avril 19, 2011

Prix pour la musique à Montbéliard

                          L'affiche de Eve de Dimitri Frank. 

EVE, le film de science-fiction réalisé par le jeune réalisateur Dimitri Frank, s'est vu remettre récemment le prix de la meilleure musique originale au Festival Inter-régional de Cinéma et Vidéo 2011 qui a eu lieu à Montbéliard. Ce prix récompense le travail de deux compositeurs  Mathieu Lozinguez et Bernard Reeb.  Mathieu Lozinguez  note le dossier de presse est guitariste du groupe de rock instrumental Melatonine, et auteur du projet électronique King Kong Was A Cat  et également compositeur pour l’image. Depuis 2003, il a produit des musiques pour de nombreux courts métrages, films événementiels ou documentaires. Il a notamment composé à plusieurs reprises des musiques pour le Futuroscope de Poitiers ou pour France 3. Quant à Bernard Reeb, compositeur bien connu, notamment pour ses albums Ambient, j'avais consacré un sujet sur une de ses créations Lumina Magica que j'avais particulièrement apprécié. D'ailleurs, dois-je le souligner, nous partageons, même si nous ne faisons pas forcément le même style de musique, bon nombre d'interrogations sur la musique passée et actuelle. Et puis, cet esthète qui préfère le son d'un orchestre dans une salle aux banques d'orchestres VST - ce qui ne l'empêche pas, toutefois d'apprécier la banque Ircam Solo Instruments - est aussi un esprit curieux et inventif. Il faut l'être pour présenter avec l'Orchestre Philharmonique de Nice à l'Opéra de Nice le Poème symphonique pour 100 métronomes de György Ligeti. Donc satisfaction de voir que son travail a été récompensé. 
Les Chroniques de la Mao n'ont pas vocation à faire de la critique cinématographique. En revanche, quant une musique de film est crée avec la lutherie virtuelle, il est évident que cela devient intéressant. Je passerai donc rapidement sur le court métrage Eve qui s'inscrit dans une esthétique de science fiction. Et où on peut retrouver, à mon sens, des éléments de décors réels et virtuels en 3 D qui ne sont pas sans évoquer les univers de Moebius ou de Druillet. On ne s'en plaindra pas.


    Dimitri Frank et ses deux acteurs, Claire Hinder et Patrice Windholtz.


 Et le jeune réalisateur Dimitri Frank a su s'entourer d'une équipe qui porte haut les couleurs du film. C'est le cas de l'actrice, Claire Hinder, mais aussi des acteurs Patrice Windholtz et Wilfried Lang. J'ajouterai de même, le travail de Jean-François Liesenborghs pour les effets visuels en 3D, ses mondes imaginaires s'intègrent parfaitement aux scènes tournées durant trois nuits dans une usine désaffectée du Parc de Wesserling (et une autre dans la piscine de Thann en Alsace). D'ailleurs, Jean-François Liesenborghs a reçu depuis 2003 plusieurs prix pour ses travaux en 3D. Et si le Festival de Musique Electronique, Vidéo et Computer Art qui se déroulait au Plan K de Bruxelles, il n'aurait pas démérité. C'est le genre de créateur avec lequel on a envie de travailler. 


    Bernard Reeb avec le réalisateur Dimitri Frank lors d'un mixage dans le studio du compositeur.


Mais revenons à la musique. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que les parties musicales réalisées par Bernard Reeb ont été faites avec des synthés virtuels. Initialement, Mathieu Lozinguez avait composé pour le film, en amont, des thèmes avec nappes de synthétiseurs, des samples d'orchestre, l'enregistrement de la chorale avec en final la voix d'une soliste :
Ce sont essentiellement des nappes pour créer une ambiance, ce sont des sons synthétiques auxquels on a parfois rajouté le Choeur des Rives de la Thur et cela crée une ambiance, une dimension supérieure aux sons synthétiques, précise le compositeur dans le Making-Off du DVD. Un travail, disons classique. Bien dans l'esprit des compositeurs de films pour qui le synthétique (dans le sens synthèse, entendons-nous bien) est moins noble que l'orchestre réel. Il suffit de consulter le forum compositeurs.org pour se rendre compte que les vst utilisés sont principalement des banques de samples d'orchestre et utilisés, surtout, en tant que substitut à une véritable formation instrumentale. Les créateurs de musique de films sont assez peu nombreux à utiliser les outils de synthèse, qu'ils soient virtuels ou hardware. Dans le même temps, le réalisateur souhaitait aussi une évolution de l'artificiel vers l'humain, avec le final 100% synthétique au départ et qui progressivement avec la chorale,  puis la voix soliste qui prend le dessus sur tout le côté synthétique. 
Et cela nous ramène à Bernard Reeb. Comme ce dernier me l'a indiqué, Dimitri Frank a cherché  aussi une musique plus spaceplus ambiance, et il est tombé notamment sur Lumina Magica, évoqué plus haut. Dimitri Frank  m'a décrit son projet comme de la pure science-fiction.  Son histoire lui a été inspirée par la musique de « Songs of a distant earth » que je considère moi-même comme l’un des meilleurs disques de Mike Oldfield, et en sus comme l’un des meilleurs livres de Arthur C. Clarke, confie Bernard Reeb. 
Ce dernier a travaillé sur deux niveaux. L'un étant plus axé sur le Sound Design, sur la synchro sur l’image et surtout un gros travail syllabe par syllabe pour rendre le texte intelligible au mieux : niveaux et égalisation : vrai travail de chirurgien !, précise-t-il. De même, confie-t-il : J’ai entièrement créé tous les bruitages en virtuel. Originalité, vu le côté SF
et étrange : uniquement de la synthèse, avec Absynth et Zebra. Exemple : la pomme qui tombe ne fait pas « boum » mais « bzouining ».  De même, l
es bruits de tuyauteries du vaisseau, les hologrammes (oui, car personne n'ignore que les hologrammes sont bruyants) les étoiles qui chantent, etc… le tout sur Absynth et Zebra, aucun sample. Pour cette composition, il y a des moments que Bernard qualifie de  "magique". 
 A un moment (la scène « romantique ») je mets ma musique, des nappes et des cordes.  Et j’ajoute,  juste pour voir, une partie de piano qu’avait préparé l’autre compositeur Mathieu Lozinguez : miracle, ça colle à 100%, harmonies, ambiances… comme si une seule main avait écrit ce passage.
Précision, l'ensemble a été réalisé sur Reaper (donc avec une piste vidéo), des pistes MIDI pour Absynth et Zebra et des pistes audio pour les voix et les musiques de Mathieu. La sculpture sonore, l'égalisation notamment des fichiers audio a été faite avec les outils intégrés de Reaper. Et Uhbik de U-he pour la réverbération.
J'ajoute que le Making-Off du film est très bien fait. Chacun des membres de l'équipe explique dans des interviews son travail, avec des plans de Eve pour soutenir les explications. C'est une occasion de découvrir l'antre de Bernard Reeb. 

- Eve de Dimitri Frank. 

jeudi, avril 07, 2011

Phosphor en ligne directe sur l'Alpha Syntauri

Un nouveau synthé virtuel vient d'intégrer ma panoplie d'outils Vst : Phosphor d'Audio Damage. Comme s'est écrit dans le forum de samplestation, c'est une recréation de l'Alpha Synthauri bien connu par ceux qui utilisaient comme moi dans le début des années 1980 l'Apple IIe et renforcé par deux cartes de la Mountain Hardware qui transformaient l'Apple IIe en synthétiseur numérique 16 voix. J'ai failli passer à coté, de rater ce synthé virtuel qui travaille en synthèse additive avec deux oscillateurs. Et j'en aurais été fort marrie. Quand je travaillais avec l'Apple IIe, j'appréciais le logiciel Music System de la Mountain Hardware. Il y avait un sous-programme dénommé The Wavemaker qui permettait de dessiner la forme d'onde avec les 24 harmoniques et leur amplitude respective.











Ci-dessus, les illustrations du manuel de Music System. A noter qu'outre les deux cartes de la Mountain Hardware, le pack comprenait aussi un light pen qui permettait d'ajuster les amplitudes des harmoniques. 
J'aimais bien ce programme wavemaker qui me permettait de faire tourner en boucle un petit fichier et de traiter quasiment en temps réel le son qui sortait de l'Apple et que je ré-injectais dans l'Ems Synthi Aks.




Phosphor reprend le même principe qui était aussi celui de l'Alpha Synthauri mais avec des apports d'aujourd'hui dont deux LFO, deux Delay qui peuvent être synchronisés, du feedback, des possibilités avec les LFO de plusieurs modulations. C'est un bel outil et qui permet, surtout, de travailler en synthèse additive.